Récemment inventoriées, les archives des juridictions militaires en campagne près les bases militaires belges en Afrique à Kamina, Kitona et Usumbura (1951-1962) permettent d’éclaircir un pan de l’histoire coloniale et militaire peu connu.
Entre 1951 et 1962, l’armée belge disposait sur le territoire congolais de bases militaires, essentiellement à Kamina (Katanga) et Kitona (sur le fleuve Congo et le long de la côte atlantique). En cas de conflit mondial – nous sommes à l’époque de la Guerre froide – ces bases doivent servir de « réduit national ». Elles couvrent un territoire extrêmement vaste et comprennent essentiellement des bases aéronautiques et des centres de formation et d’entraînement pour des soldats (surtout de paras), des miliciens et des candidats pilotes. La base de Kamina est souvent décrite comme « Le Beverloo Congolais ».
Un auditorat militaire est également installé sur place. Il est dirigé par un auditeur militaire et le staff de l’armée, qui surveillent ensemble la discipline des soldats. Si nécessaire des poursuites peuvent être engagées devant la cour martiale. Les premières années de son existence, l’auditorat militaire n’avait pas beaucoup de travail. Ce n’est qu’entre 1959 et 1962 (autour de l’indépendance congolaise) que la charge de travail augmente, car à partir de ce moment, le nombre de militaires belges présents sur le sol congolais augmente exponentiellement. À de nombreux endroits stratégiques, ces militaires interviennent lors des événements précédant l’indépendance de l’été 1960. Ces sources témoignent donc d’une période cruciale dans l’histoire coloniale et militaire du Congo et de la Belgique.
Les archives des juridictions militaires « en campagne » (qui interviennent dans des circonstances bien spécifiques) contiennent des séries classiques (dossiers sans suite, dossiers d’affaires jugées, dossiers d’exécution des peines, dossiers de documentation) et elles offrent un aperçu de la vie quotidienne des soldats sur place. La présence de troupes belges sur le territoire congolais suscite aussi des questions quant à la collaboration avec les services locaux de maintien de l’ordre comme la Force publique. Ces archives sont évidemment complémentaires des archives de l’administration coloniale, transférées récemment (ou en cours de transfert) des Affaires étrangères vers les Archives de l’État, les archives dites « africaines ». Il s’agit notamment des :
- Archives de la « Force Publique »,
- Archives des juridictions militaires au Congo colonial.
- Archives du « Gouvernement général » en cours de reclassement pour refléter le plus fidèlement possible l’organisation des fonds.
L'inventaire
Uniquement disponible en version électronique, l’inventaire peut être consulté gratuitement via les liens ci-dessous.
NAERT Jan, Inventaris van de archieven van het krijgsauditoraat en de Krijgsraad te velde bij de fractie van het leger die de troepen van de bases van het moederland in Afrika uitmaakt (1951-1962), série Inventaire Archives générales du Royaume 2 - dépôt Joseph Cuvelier n° 74, publication n° 6501, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2024.