La ville de Nieuport a déposé sa charte de liberté de 1163 pour une conservation permanente aux Archives de l’État à Bruges. Ce document extrêmement précieux y est entreposé dans un magasin climatisé pour préserver le document fragile contre l’usure du temps. Il y a 861 ans, Nieuport obtenait officiellement le statut de ville grâce à cette charte, qui est la plus ancienne charte communale conservée en Flandre.
En 1163, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, décerna à Nieuport une charte de liberté. Par l’obtention de ce document, Nieuport reçut une totale autonomie administrative, fiscale et juridique. On peut donc légitimement affirmer que ce document occupe une position primordiale dans l’histoire de la ville, comme le déclare le bourgmestre Geert Vanden Broucke :
« La charte de liberté est la preuve éternelle que Nieuport peut être appelée une ville, et tous les habitants en sont particulièrement fiers. Pour Nieuport et ses citoyens, la charte a une immense valeur tant historique que symbolique. Elle est notre plus grand trésor. Et même en dehors de Nieuport, la charte est un document phare sans pareil vu qu’il s’agit de la charte la plus ancienne qui soit conservée en Flandre. Elle est un témoin privilégié de l’émergence et de l’émancipation des villes. »
Le document du XIIe siècle a déménagé aux Archives de l’État à Bruges. La ville de Nieuport en reste la propriétaire légitime, mais elle la confie pour une conservation permanente aux Archives de l’État, afin de garantir la pérennité de cette pièce séculaire. Les Archives de l’État disposent de magasins climatisés avec une température et un taux d’humidité constants, et répondant à des exigences très strictes en matière de protection contre les incendies ou les infiltrations d’eau.
Le bourgmestre Geert Vanden Broucke ajoute que la décision de transférer la charte de liberté à Bruges a été difficile : « Bien entendu, nous aurions aimé garder la charte à Nieuport, le véritable domicile de l’artéfact, mais nous avons donné la priorité à la sécurité du document. Équipées professionnellement, les Archives de l’État peuvent offrir un environnement de conservation stable, une condition importante pour la protection de telles perles patrimoniales. Si on souhaite préserver la charte pour les générations futures de citoyens de Nieuport, la décision de la faire conserver à Bruges est le seul choix correct. »
Les archives de Nieuport rassemblées
Nieuport est la seule ville belge du front de la Première Guerre mondiale qui dispose encore de la totalité de ses archives anciennes. Le 27 novembre 1914, le secrétaire communal de l’époque, Theophiel Dobbelaere, et cinq de ses collègues les avaient mises en sécurité. L’opération avait duré trois jours, toujours sous la menace de violents bombardements allemands.
Après la Grande Guerre, fin 1920, les archives déplacées sont rentrées à Nieuport, dans deux baraques qui faisaient fonction d’hôtel de ville d’urgence. En 1922, après la finalisation de la construction de l’actuelle maison communale, les archives ont trouvé un nouvel abri.
En décembre 1969, la quasi-totalité des archives a été déménagée aux Archives de l’État à Bruges. Ce dépôt concernait 685 chartes, 5.496 documents provenant d’archives anciennes (1163-1796), 50 mètres linéaires d’archives modernes (1796-1940) et 44 registres paroissiaux. Seulement quelques documents étaient restés à Nieuport.
Aujourd’hui, la charte est donc réunie avec les autres archives historiques de la ville. Le transfert aux Archives de l’État ne signifie pas que le document serait inaccessible. Tout comme les autres archives historiques de Nieuport, la charte peut être consultée pour des recherches scientifiques dans la salle de lecture des Archives de l’État.
Lors du transfert aux Archives de l’État, la charte était accompagnée d’un autre document, l’inventaire des archives des hospices rédigé par Edward Vlietinck en 1890. Ce manuscrit donne un aperçu des archives des hospices de Nieuport, avec des analyses des chartes. Le document sera conservé aux Archives de l’État vu que son contenu peut être associé aux archives de Nieuport qui s’y trouvent déjà.