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Vogelina Lobe (1912-1997), pour la défense des droits des femmes

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08/03/2023 - Recherche - Divers - Archives de l'État à Beveren - Service Archives des Victimes de la Guerre - Archives générales du Royaume

Ce 8 mars, nous célébrons la Journée internationale des droits des femmes, une journée de mobilisation - malheureusement toujours nécessaire - au cours de laquelle les droits et les revendications des femmes font l'objet d'une attention particulière. A cette occasion, nous avons recherché au sein des Archives de l'État les traces d'une militante de la cause féministe : Vogelina Dille-Lobe (1912-1997). Dès 1933, Vogelina Lobe militera pour la grossesse désirée, la contraception et le contrôle des naissances. Elle dénoncera également l’inégalité de salaires entre les femmes et les hommes et d'autres thématiques qui suscitent encore aujourd'hui des débats sociétaux. Découvrez son parcours...

Vogelina Lobe est née à Amsterdam en 1912, dans une famille juive de la classe ouvrière. Sa mère, Marianna Lelie, était femme au foyer et son père, Hartog Lobe, travaillait dans l'industrie du diamant comme polisseur de disques, ce qui conduit la famille à déménager à Anvers en janvier 1914. Il ne s'agit pas d'une installation définitive ; lorsque la Première Guerre mondiale éclate, la famille Lobe retourne à Amsterdam. En 1919, probablement après que les autorités belges eurent invité les diamantaires juifs d'Amsterdam à revenir en Belgique, la famille Lobe-Lelie, composée de six membres, s'installe définitivement à Anvers, d'abord dans la Provinciestraat, puis, à partir de 1922, dans la Van Campenhoutstraat à Berchem.

Adolescente, Vogelina Lobe est déjà déterminée. La jeune femme engagée politiquement et socialement est membre de plusieurs organisations et associations, notamment de l'Algemeen Vlaamsch Studentenverbond (AVS), une organisation regroupant des associations d'étudiants flamands. En 1928-1929, elle est vice-présidente de l'organisation. Pendant son adolescence, Vogelina Lobe se tourne vers le nationalisme flamand, mais elle assiste également à des réunions antimilitaristes.
En novembre 1930, elle a des démêlés avec la police. Lors d'une réunion d'associations patriotiques d'anciens combattants à Borgerhout, Vogelina et d'autres jeunes sont accusés d'avoir scandé des slogans provocateurs tels que "A bas la Belgique, vive la Hollande" ou "Vive la Flandre". Selon le rapport de police, Vogelina Lobe aurait même tenté de déchirer le drapeau belge. Une raison suffisante pour expulser l'étrangère rebelle - elle possède toujours la nationalité néerlandaise. L'arrêté royal d'expulsion date du 28 novembre 1930.

Quelques mois plus tard, Vogelina Lobe est de retour à Anvers... Elle est emprisonnée durant 15 jours pour infraction à la mesure d'éloignement. Durant cette période, Vogelina Lobe prend ses distances avec les milieux flamands et recherche un courant politique plus conforme à ses valeurs. Elle adhère alors à l'Union des étudiants socialistes et au Parti ouvrier belge. Son mari, l'artiste anversois Frans Dille, qu'elle épouse en 1932, est également un socialiste convaincu. Le couple a deux enfants. Vogelina Lobe continue à travailler à temps plein, notamment en tant que secrétaire nationale adjointe des Femmes prévoyantes socialistes à Bruxelles. Elle fait la navette depuis Anvers.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, la famille Dille-Lobe prend le chemin de l'exode. Après avoir rejoint la côte et le nord de la France, Vogelina, Frans et leurs enfants reviennent à Hoboken près d'Anvers. Vogelina Lobe met en veilleuse ses projets professionnels et s'engage dans la résistance. Elle rejoint le réseau Socrate, qui achemine de l'aide et de la nourriture aux réfractaires, et cherche des adresses pour cacher les enfants juifs. Ces activités lui valurent plus tard d'être reconnue comme résistante civile. Les parents de Vogelina ont, quant à eux, connu un destin tragique : déportés depuis la caserne Dossin à Malines, ils seront assassinés à Auschwitz.

Après la guerre, Vogelina Lobe reprend ses activités socialistes et féministes. Dès 1936, elle devient rédactrice en chef du magazine De Stem der Vrouw (La Voix de la femme) des Femmes prévoyantes socialistes. Elle occupe cette fonction jusqu'en 1967, parallèlement à son travail de journaliste (1945-1956) à l'Institut national de radiodiffusion (INR/NIR) - ancêtre de la BRT-RTB -, puis de directrice de l'école communale des travailleurs sociaux d'Anvers. Rédactrice en chef du magazine De Stem der Vrouw, Vogelina Lobe publiera de nombreux articles visant à informer les lectrices et lecteurs sur la sexualité, la contraception et le contrôle des naissances ; des thèmes qui lui tiennent à cœur. Dès 1933, avec notamment Isabelle Blume, elle participe à un numéro du magazine consacré à la grossesse désirée. Le mémoire de fin d'études qu'elle rédige en 1955 pour obtenir le diplôme d'assistante sociale traitait également de la même question : la parentalité responsable, un problème social et individuel. Vogelina Lobe est une fervente partisane de la libéralisation de la contraception. Cette conviction se reflète également dans son engagement au sein de l'Association belge pour le planning familial et l'éducation sexuelle (Belgische Vereniging voor Seksuele Voorlichting) qu'elle fonde en 1955.

Durant sa retraite, elle restera socialement engagée. Vogelina Lobe est décédée en 1997.

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