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Tribulations d'une mère célibataire en 1700

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06/04/2021 - Inventoriage - Archives de l'État à Mons

Les archives révèlent des histoires surprenantes. Née en région liégeoise, partie garder les vaches dans le bois de Maubeuge (France), Marie Meurchin y rencontre un certain Henry... Neuf mois plus tard, elle accouche par hasard à Soignies. Le recoupement entre deux sources d'archives conservées aux Archives de l'État à Mons a permis de retracer cet épisode de vie. Le registre paroissial des baptêmes confirme ainsi des informations trouvées dans l'office du bailliage de Soignies. L'inventaire du fonds des institutions de bienfaisance à Soignies sous l'Ancien Régime (d'où est tiré le document du bailliage) paraîtra prochainement.

En avril 1700, le bailli Louis Duquesnoy ayant été informé qu’une étrangère se disant femme de soldat, avait accouché chez Vincent Ravert, censier au faubourg de Soignies, il se rend sur place avec son greffier. L’étrangère est interrogée, après avoir prêté serment : « a déclaré s’appeler Marie Meurchin (ou Moircheu, Mourhen), jeune fille native d’Estres, pays de Liège, fille de Jecque et de Margueritte Latteau ». Elle explique avoir quitté son lieu de naissance depuis quelques années pour les environs de Maubeuge, plus précisément le village d’Élesmes où elle exerce la profession de vacheresse pour Laurent Dauge.

« Gardant ses vaches dans le bois de Maubeuge, elle at eu divers entretiens et cajoleries avec le nommé Henry… natif de Marpin, vacher à Louis Joseph censier et mayeur dudit Lesmes avec lequel elle en est venu à telles familiarités qu’il l’at cogneut diverses fois charnelement environ le Saint-Jean et le commencement du mois de juillet de sorte qu’elle s’est trouvée ensainte de ses œuvres et s’en est accouchée d’un garçon le 29e de mars à la maison dudit Ravert audit Soignies qui l’at reçeu par charité et lequel at esté parrain de l’enffant avec Marie Jeanne Bouilart (ou Bouliart), marraine. Sy déclare laditte Moirchein que pendant le même moi et dans le prédit bois un soldat de la garnison de Maubeuge l’at aussi cogneut charnelement mais elle affirme que s’est des œuvres du prédit Henry vacher qu’elle a esté ensainte ».
Elle déclare également qu’il y a quelques mois, elle a quitté la maison de Laurent Dauge, son maître censier audit Lesmes d’où elle s’est rendue à Bruxelles, à la recherche de sa sœur « qu’on lui at dit estre morte ». À Bruxelles, elle a rencontré quelques femmes qui lui ont conseillé « de se déclarer femme de soldat et qu’elle allait trouver son mari afin que l’on ne ferait difficulté de baptiser son enfant, qu’elle n’a jamais eu la moindre pensée de luy faire tort, même d’intéresser la ville de Soignies en aucune manière aux frais de son dit enfant mais que tout ce qu’elle souhaite s’est de retourner à son lieu avec son dit enfant et l’alimenter le mieux qu’elle pourra, finissant sur son dénuement, examiné et signé de sa marque pour ne savoir escrir ».

Le bailli et son greffier sont satisfaits, l’accouchement a eu lieu accidentellement à Soignies, il ne s’agit pas d’un enfant exposé donc il n’est pas à charge de la ville. L’avis de la Cour de Mons précise que l’office peut l’obliger à retourner à sa résidence avec l’enfant et à cet effet la faire conduire avec son dit enfant par l’un de ses sergents…

Le registre des baptêmes atteste des atermoiements au sujet de l’identité du père : un premier acte, raturé, mentionne le baptême par nécessité de Vinchant, fils de Henry, soldat dans le régiment de Monsieur Binche, suivi d’un autre acte daté du 29 mars 1700 : « fut baptisé par nécessité Vinchant fils de Marie Meurchut (?) ayant esté ne illégitime, la mère s’estant icy accouchée en passant son chemin, parrain Vinchant Raverne (sans doute faut-il lire Ravert soit celui qui a accueilli la fille mère), marraine Anne Marie Bouliart ».

 

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