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Une charte ultra-vieille : « Louis » fête son 1200e anniversaire

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13/04/2019 - Événements - Archives de l'État à Gand

Ce samedi 13 avril 2019 les Archives de l’État à Gand fêtent un anniversaire bien particulier. Ce jour-là, le privilège que l’empereur Louis le Pieux avait accordé en 819 à l’abbaye de Saint-Bavon aura exactement 1200 ans. L’aîné de la collection gantoise est le document administratif le plus ancien relatif au territoire belge qui soit conservé de façon intacte dans notre pays. La charte a bien supporté l’usure du temps. Le texte rédigé en lettres élégantes donne en outre un tas d’informations historiques intéressantes. Autant de raisons pour le fêter et pour lui accorder un peu plus d’attention.

La charte avec le numéro d’article 01 du fonds ‘Saint-Bavon et Diocèse de Gand’ est connue aux Archives de l’État à Gand sous le nom de « Louis ». Ce 13 avril 2019, Louis fera l’objet d’une fête d’anniversaire avec des pâtisseries et des ballons, organisée au musée STAM, où le document est actuellement exposé. 

« Louis » a très bien supporté l’usure du temps, de sorte que la charte peut toujours être admirée et même être lue. Elle était destinée à l’abbaye Saint-Bavon de Gand. Comme cette abbaye a joué, ensemble avec celle de Saint-Pierre, un rôle crucial dans le développement de la ville de Gand pendant le haut Moyen Âge, le prêt de cette charte des Archives de l’État au STAM est un événement important.

Expéditeur

Louis le Pieux, empereur de l’Empire carolingien.
Hérité de son père Charlemagne, cet empire s’étendait à l’époque de Hambourg à Barcelone, et de Nantes à  Osnabrück.

Destinataire

Einhard, abbé de l’abbaye de Saint-Bavon à Gand.
Fidèle collaborateur de Louis le Pieux, il administrait l’abbaye au départ d’Aix-la-Chapelle, qui était alors le centre de l’empire. 

Sujet

Le texte confirme l’immunité de l’abbaye Saint-Bavon à Gand. L’abbaye et ses terrains étaient autonomes et donc « immunisés » contre le pouvoir du comte du Gau de Gand. Sur ses territoires, l’abbaye pouvait elle-même percevoir des amendes et sanctionner des crimes. C’est Louis le Pieux qui a accordé ce privilège d’immunité à l’abbaye. Tout en étant d’une certaine façon dépendante du comte, l’abbaye était directement liée à l’empereur Louis le Pieux.    

Si Louis a protégé les droits et libertés de l’abbaye, celle-ci devait lui prêter un service en retour, en priant pour l’empereur, son épouse, ses enfants et la stabilité de l’empire, en offrant des cadeaux et en faisant du service militaire. Un tel privilège d’immunité avait déjà été accordé par Charlemagne, le père de Louis le Pieux. Après le décès de Charlemagne en 814, il fut demandé à son successeur de renouveler le privilège. Cette opération permit à Louis d’avoir un lien avec les abbayes et d’engager les couvents pour assurer la cohésion de l’empire. 

Matériaux

S’agissant d’une charte, le texte a été écrit sur du parchemin. Le parchemin est une peau d’animal et donc très résistant et durable. Mais il coûtait très cher, vu qu’un animal devait être abattu pour le produire. 
La charte est en écriture cursive mérovingienne, avec un type de caractère assez long et vertical. Le texte est rédigé en latin, la langue véhiculaire des documents officiels de l’époque. On écrivait alors avec une plume d’oie ou d’un autre grand oiseau.
Le sceau est en cire d’abeille blanche, couverte d’une couche de vernis brun. Il s’agit du sceau de Louis en personne, représentant la tête de l’empereur en profil.

Auteur

La charte a été écrite à Aix-la-Chapelle, lieu de l’administration centrale de l’Empire, et notamment à la chancellerie de Louis le Pieux, c’est-à-dire l’office où les chartes et autres documents du souverain étaient rédigés. Le document mentionne le nom de l’auteur : Faramond.
Le chancelier Helisacha est également mentionné. En sa qualité de chef de la chancellerie, il avait la compétence de déclarer le document comme officiel en le scellant. Un dénommé Durandus s’en est occupé par ordre du chancelier.
L’empereur Louis le Pieux a très probablement signé le document lui-même, vraisemblablement en traçant une ligne horizontale dans le monogramme.   

Explication de la conservation

La raison est inconnue…, bien que le privilège souverain fût très important pour l’abbaye de Saint-Bavon qui le conservait alors soigneusement.  
Le document a survécu à toute une série de calamités. En 851, les vikings attaquaient Saint-Bavon et y provoquaient un incendie. Les moines se réfugiaient à Laon et ne retournaient que longtemps après à Gand. En 1540, l’empereur Charles Quint ordonna la démolition de l’abbaye de Saint-Bavon et les ecclésiastiques furent contraints de la transformer en chapitre de Saint-Bavon, le collège administratif de ce qui est devenu plus tard la cathédrale Saint-Bavon. Pendant la Furie iconoclaste (1566) et la République calviniste de Gand (1577-1584) le chapitre était littéralement dans l’œil du cyclone. Il est donc vraiment remarquable que la charte ait été conservée pendant 1200 ans.    
 
De nos jours, le document doit être bien protégé contre la dégradation. Trop de lumière par exemple serait à terme nuisible à l’encre . C’est pourquoi la charte ne peut être exposée plus de six mois consécutifs, et à une luminosité d’au maximum 50 lux. Ensuite, elle doit de nouveau être rangée dans l’obscurité pendant six mois.
La température et surtout le taux d’humidité doivent rester le plus possible constants. Le parchemin absorbe très vite l’humidité, ce qui cause des ondulations irrégulières.  
Si tant les Archives de l’État que le STAM mettent tout en œuvre pour conserver le document de la meilleure façon possible, ils sont heureux de pouvoir le montrer au grand public. Espérons que la charte pourra être conservée pour l’éternité…  

Fête d’anniversaire !

Après son anniversaire, Louis ne retournera pas immédiatement aux Archives de l’État : il restera encore jusqu’au 28 mai 2019 au STAM. 

Horaires des visites au héros de la fête :

  • le 13 avril 2019 pendant la fête d’anniversaire au STAM  (14h00 - 17h00) 
  • le 28 mai 2019, en continu pendant les heures d’ouverture du STAM
  • pendant la Journée du Patrimoine en Flandre, le 28 avril 2019. Des guides donneront alors des explications sur le contexte de la genèse et sur le contenu du document, et il y aura pour les enfants des ateliers pour apprendre à produire des sceaux et des blasons. 

Bienvenue à toutes et à tous !

Lieu: STAM, Bijlokesite, Godshuizenlaan 2, 9000 Gand.

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